L’IA peut-elle s’adapter à une France déjà sous tension hydrique ?

Les feux arrivent de plus en plus tôt chaque année et s’étendent sur une période plus longue. Voici les conséquences :

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  –25 % de prélèvements : les usages économiques de l’eau dédiés uniquement aux processus de production (industrie, artisanat, irrigation, loisirs…) subissent des restrictions, voire arrêt total sur décision préfectorale.

• Interdictions d’usages : certaines activités jugées non prioritaires (stations de lavage, loisirs aquatiques, irrigation de confort…) sont à l’arrêt.

• Mode dégradé : les grandes installations (nucléaire, agro-alimentaire, chimie…) fonctionnent en mode dégradé ou sous dérogation.

IA : sobriété hydrique obligatoire

Une France déjà desséchée peut-elle accueillir l’essor de l’IA ? Peut-être, si l’on positionne les datacenters dans des territoires où l’eau n’est pas en tension et si on augmente la productivité eau des datacenters.

Le refroidissement des datacenters : plusieurs techniques

• L’évaporation (tours, adiabatique) est la solution la plus ancienne, mais de loin la plus gourmande en eau :  1–2 L/kWh.

• Les nouvelles technologies comme les coolers 100 % secs, les Liquid cooling direct-to-chip en boucle fermée et l’immersion directe des serveurs permettent théoriquement un usage de l’eau proche de 0.

  
  

Exemple : Microsoft annonce 125 millions de litres d’eau économisés par an et par site grâce à sa nouvelle architecture.

Le problème des nouvelles technologies ? Un refroidissement « sec » sur site (scope 1) a besoin d’électricité, et les centrales électriques, qui fournissent cette électricité, doivent aussi être refroidies (Scope 2). Il faut donc optimiser à la fois la productivité de l’eau et la productivité de l’énergie, c’est le water-energy nexus !

Zoom sur la loi datacenter entrée en vigueur le 3 mai 2025

Les exploitants des datacenters doivent désormais mesurer, publier et réduire leur empreinte hydrique, sous peine de sanctions financières. Les décrets attendus au second semestre 2025 préciseront :

• le seuil exact d’usages de l’eau « acceptable » par zone climatique ;

• les modalités de substitution des eaux prélevées par des eaux non potables ;

• les barèmes définitifs de la redevance eau-énergie : 1,53 €/m³ pour les plus sobres ; jusqu’à 3,90 €/m³ au-delà d’un seuil annuel (on rappelle que la moyenne du prix de l’eau domestique en France est d’environ ~4€/m3)

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2025 marque donc le passage d’un simple pilotage énergétique à une gouvernance eau-énergie intégrée pour tous les centres de données français.

D’autres pistes restent à explorer :

• Augmenter la productivité eau des modèles en les entraînant aux heures où la température extérieure est basse. Cela permettrait de réduire les prélèvements en eau de –30 à –40 %.

• Affiner les indicateurs : décliner le WUE (Water Usage Efficiency) en distinguant l’eau « on site » / « off site » et suivre Water-per-Training (L/run) / Water-per-Inference (L/requête) pour forcer les exploitants à rendre plus sobres les modèles de calculs.

🌐 L’actualité de l’eau en bref

• PFAS & eau potable ->  le 4 juillet, interdiction de consommer l’eau du robinet pour 16 communes du Grand Est en raison du dépassement des nouveaux seuils européens. Le financement des unités de traitement revient au premier plan.

• Géopolitique -> l’Éthiopie annonce l’achèvement du Grand Barrage de la Renaissance. Le barrage permet à l’Éthiopie de doubler sa production électrique. Cependant, l’Égypte persiste à dénoncer une menace pour son quota d’eau du Nil.

• Innovation -> une « éponge solaire » capable de dessaler l’eau de mer ouvre des perspectives face aux solutions de dessalement classiques, très énergivores.

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