Les barrages peuvent-ils sauver l’économie française cet été ?

Alors que ¾ des départements métropolitains sont en situation de stress hydrique et que des milliers d'hectares partent en fumée en France, les barrages, eux, se portent bien… enfin, pour le moment.

Que faut-il retenir ?

• Nous avons 600 barrages en France, de plus de 15 mètres de hauteur répartis majoritairement dans les zones de relief (Alpes, Pyrénées, Massif central), là où les rivières à fort débit permettent leur remplissage.

• Le lien entre barrages et nappes phréatiques ?

• Les barrages stockent de l’eau en surface (dans des réservoirs) alors que les nappes phréatiques sont des réservoirs souterrains. Ils dépendent tous deux des précipitations, mais leur recharge suit des dynamiques différentes.

• Un barrage peut contribuer indirectement à la recharge d’une nappe si une partie de l’eau relâchée s’infiltre dans les sols en aval, notamment via des zones humides ou des lits majeurs de rivières.

• Un remplissage exceptionnel : mi-juillet, près de 80 % de la capacité nationale est disponible. Cependant, cette situation est contrastée selon le dernier bulletin hydrologique national. Les ouvrages du sud des Alpes, des Pyrénées, du Massif central et de la Corse affichent des taux de remplissage supérieurs à 80 %, tandis que les grands barrages du nord des Alpes sont à moins de 40 %.

• Des réserves stratégiques sécurisées : Serre-Ponçon, Naussac et les barrages pyrénéens disposent de volumes suffisants pour supporter l'étiage sans compromettre significativement la production électrique.

• Des conflits d’usage prévisibles : malgré des réservoirs pleins, la répartition entre hydroélectricité, irrigation et besoins des milieux aquatiques reste une préoccupation majeure pour l'été, avec 19 départements déjà en situation de crise sécheresse.

Bien que l'été débute sous de bons auspices pour les niveaux hydrauliques, les Établissements Publics Territoriaux de Bassins (ETPB) anticipent des tensions à venir, surtout en cas d'épisodes de chaleur prolongés en août-septembre.

Exemples concrets :

• Barrage de Naussac : des lâchers d'eau ont commencé dès le 14 juin pour garantir le débit minimal de l'Allier.

• Barrages Pyrénéens : malgré un bon remplissage, des restrictions d'irrigation ont été mises en place (ex: interdiction totale de prélèvement sur les petits affluents du Tarn & la Sère ; réduction de 30 % des volumes prélevables dans les Pyrénées Atlantiques).

• Serre-Ponçon : Le Syndicat Mixte d'Aménagement et de Développement du Barrage et EDF ajustent en temps réel la production hydroélectrique pour préserver les activités de loisirs, l'agriculture et les étiages. Un véritable numéro d'équilibriste !

Avoir de l’eau est une chose, mais encore faut-il en disposer en quantité suffisante, au bon endroit, au bon moment… et à la bonne température, c’est une nouvelle variable à prendre en compte. L’eau chauffe dans nos barrages à des températures qui peuvent s’avérer létales pour les écosystèmes. La gestion des lâchers d'eau pour soutenir les niveaux des rivières (étiages) est donc bien plus complexe qu'il n'y paraît, car il faut concilier les besoins en volume avec l'impératif de maintenir une température compatible avec la vie aquatique.

L'impact inattendu des barrages sur la Terre → Des chercheurs ont mis en évidence un phénomène étonnant : la rétention d'eau dans les barrages a des conséquences à l'échelle planétaire. Elle provoque de minuscules décalages des pôles terrestres par rapport à l'axe de rotation. Elle les aide à mieux comprendre comment les pôles pourraient se déplacer si la fonte des glaciers et des calottes glaciaires s'accélère en raison du changement climatique.

🌐 L’actualité de l’eau en bref

• Point sécheresse en France → au 15 juillet, 73% des départements métropolitains sont en stress hydrique pour l'approvisionnement en eau potable, et la situation globale continue de s'aggraver. Retrouvez le bulletin complet sur Vigieau.

• L’eau, enjeu de sécurité : face aux menaces croissantes (attaques militaires, catastrophes naturelles ou industrielles, coupures électriques généralisées), la Commission européenne recommande désormais aux États membres de constituer des stocks stratégiques de purificateurs d'eau. Les ménages sont encouragés à assurer une autonomie en eau de 72 heures.

• Diplomatie climatique : les premières demandes de visas → Un tiers des habitants des îles Tuvalu a déjà demandé un visa climatique pour l'Australie, car la montée des eaux due au changement climatique menace l'archipel.