23 juil. 2025
La sécheresse peut-elle freiner la décarbonation du secteur des transports ?
Le transport fluvial, souvent présenté comme une solution d'avenir pour décarboner nos échanges, fait face au défis de la sécheresse.
En 2022, l'alimentation des canaux de navigation a représenté 17% des prélèvements d'eau douce, soit le 3ème préleveur juste derrière l'eau potable (19%) et le refroidissement des centrales électriques (45%).
Le fret, le tourisme fluvial, les loisirs (on pense aux JO de Paris !)... les canaux sont essentiels, surtout avec l'objectif du gouvernement de doubler la part du fret fluvial d'ici 2030.
Et pour cela, il faut juste la bonne quantité d’eau : ni trop, ni trop peu !
Canaux de navigation : de quoi parle-t-on ?
La France, c'est un réseau de 8 500 km de voies navigables (fleuves + canaux), dont près de la moitié (4 500 km) sont des canaux artificiels. Voies Navigables de France (VNF) gère en grande partie ce réseau, régulé par 352 barrages, dont 50 "barrages réservoirs" avec une capacité de stockage de 165 millions de m³.
En 2024, ce sont 43,7 millions de tonnes de marchandises qui ont transité par les voies navigables : 40% de matériaux de construction, 30% de produits agricoles, sans oublier... nos déchets !
Malgré ces chiffres, la part du fluvial reste modeste : environ 2% des tonnes/km ces cinq dernières années, bien loin de la route (≈ 89 %) et du rail (≈ 9 %). Un potentiel immense reste à exploiter !
Une solution économique et écologique pour les entreprises ?
Sûrement ! Des géants ont déjà misé sur le transport fluvial. Lafarge France (≃8 % des flux), IKEA (100 % des livraisons Paris intra-muros), Soufflet (Groupe InVivo) (30% du transport de céréales en France), ou encore dans le déchets PAPREC GROUP (⤤ de 112 % de volumes fluviaux en 2 ans) et Groupe Bouygues (20% des terres excavées franciliennes évacuées par voie fluviale).
Pourquoi ?
En amont : pour sécuriser l'approvisionnement en volumes massifs (granulats, céréales, matières premières chimiques).
En aval : pour desservir des cœurs urbains saturés ou valoriser les déchets directement depuis les chantiers ou industries.
Et aussi : pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) ! Le transport fluvial est 3 à 5 fois moins émetteur de GES par tonne transportée que la route, et consomme 4 fois moins d'énergie. En 2024, le fluvial a permis d'éviter l'équivalent de 2 000 000 de camions sur les routes, soit 404 000 tonnes de CO2 économisées.
Sécheresses ou crues : quels impacts économiques pour le fluvial ?
En cas de sécheresse : les bateaux sont regroupés pour chaque éclusée, la vitesse est réduite, et certains tronçons peuvent être carrément fermés. En état de "crise" (quand le débit est inférieur au seuil de réserve), c'est l'arrêt total de la navigation, sauf pour les missions de secours et de sécurité.
En cas de crues : l’exemple de la Seine en avril 2024 est parlant : la navigation a été stoppée pendant 60 heures !
Les conséquences économiques sont directes : stocks bloqués, déchets non évacués, retards de livraisons, et un report quasi inévitable vers...le réseau routier. Résultat : les émissions de carbone repartent à la hausse.
Heureusement, la sécheresse de 2022 n'avait eu qu'un impact limité sur le volume de marchandises (-1,5%). Mieux, le tourisme fluvial avait même profité d'un report de clientèle (notamment du Rhin et du Danube, plus touchés), augmentant de 15% sur la Seine !
Le mois de juillet 2025 pourrait être un véritable test, avec en moyenne 70% des départements français en situation d'alerte ou de crise. Les chiffres nous diront si le fluvial a tenu bon !
🌐 L’actualité de l’eau en bref
Sécheresse exceptionnelle en Corse : alors que la métropole respire un peu après de fortes chaleurs, la Corse est en alerte maximale. Water Wiser note que, si l’arrosage par aspersion est soumis à restriction, le goutte à goutte reste autorisé du fait de son efficacité. À l’heure des débats autour de la Loi Duplomb, la question de l'accompagnement des agriculteurs vers des solutions hydriques efficaces et sobres mériterait d’être remise sur la table, car… les solutions sont là, il manque les €.
L’Angleterre se découvre vulnérable à la sécheresse : aucun pays ne sera épargné par les risques de l’eau. L'anticipation et la planification sont les maîtres mots. C'est ce que demandent les Britanniques à leur gouvernement, alors que des régions agricoles et industrielles subissent de fortes restrictions sans préparation adéquate.
REUT, la France lance sont plus grand projet ! Enfin, la France passe à la vitesse supérieure ! À Argelès-sur-Mer, dans les Pyrénées-Orientales (le département le plus sec de France), 659 hectares de terres agricoles seront irrigués dès avril 2026 grâce à l'eau traitée d'une station d'épuration. Une initiative prometteuse !
PFAS et dépollution : séparation, dégradation, absorption… où en est-on sur les "polluants éternels" ? Un point complet sur les solutions actuelles, leurs limites et les perspectives technologiques de demain.
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